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ÉLOGE DE M. DE VAUGANSON


sés alors en Europe ; mais M. de Vaucanson croyait se devoir à sa patrie ; il résista non-seulement à des offres avantageuses, mais au désir si naturel d’être auprès d’un prince, juge éclairé du mérite réel, et il garda le silence sur cette proposition honorable, sans chercher à faire valoir un sacrifice qui lui avait peu coûté ; mais il ne put se refuser la satisfaction d’en instruire le cardinal de Fleury, et de lui montrer quelle estime les princes étrangers savaient faire d’un talent qu’en France on avait vanté et négligé.

Peu de temps après, ce ministre attacha M. de Vaucanson à l’administration, et lui confia l’inspection des manufactures de soie, qui forment une des branches les plus importantes de notre commerce : cet objet occupa depuis M. de Vaucanson presque tout entier, et même il n’a pas étendu ses recherches au delà des moyens de perfectionner les préparations que doit subir la soie avant d’être employée ; il regardait, avec raison, ces premiers travaux comme la partie de l’art la plus importante, la plus difficile, et jusqu’alors la plus défectueuse.

Il existait pour ces différentes opérations des procédés ingénieux ; mais ces procédés ne conduisaient ni à donner à volonté aux diverses espèces de soie le juste degré d’apprêt qu’on voulait qu’elles eussent, ni à rendre cet apprêt égal pour toutes les bobines ou tous les écheveaux d’un même travail, et pour toute la longueur du fil qui formait chaque bobine ou chaque écheveau : cette régularité dans le travail exigeait une précision qui obligea M. de Vaucanson à imaginer non-seulement les machines en