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ÉLOGE DE M. DE VAUCANSON.


24 février 1709, de Jacques de Vaucansoii et de Dorothée la Croix,

Son goût pour la mécanique se déclara dès sa plus tendre enfance, et, ce qui est peut-être sans exemple, son talent fut aussi précoce que son goût.

Il faisait ses études au collège des jésuites, et sa mère, femme d’une piété sévère, ne lui permettait d’autre dissipation que de l’accompagner le dimanche dans un couvent, chez deux dames qu’un zèle égal au sien pour les exercices de dévotion liait avec elle. Pendant ces pieuses conversations, le jeune Vaucanson s’amusait à examiner, à travers les fentes d’une cloison, une horloge placée dans la chambre voisine ; il en étudiait le mouvement, s’occupait à en deviner la structure et à découvrir le jeu des pièces dont il ne voyait qu’une partie ; cette idée le poursuivait partout : enfin un jour, an milieu de la classe y dont ses distractions l’empêchaient souvent de suivre les travaux, il saisit tout d’un coup le mécanisme de l’échappement qu’il cherchait vainement depuis plusieurs mois, et il éprouva pour la première fois ce plaisir si vif et si pur, et qui serait le premier de tous si la nature n’avait attaché aux bonnes actions des charmes encore plus touchants.

Dès ce moment toutes les idées du jeune Vaucanson se tournèrent vers la mécanique ; il fît en bois, et avec des instruments grossiers, une horloge qui marquait les heures assez exactement. Le plaisir d’arranger une petite chapelle était au nombre de ceux que sa mère lui permettait ; bientôt il orna cette chapelle de petits anges qui agitaient leurs