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ÉLOGE DE M. DE VAUGANSON


qu’elle sait mieux se mettre à la portée des ignorants ou des demi-savants, se prêter à leurs préjugés comme à leurs intérêts, qu’elle est plus féconde en promesses, plus hardie en assertions, et surtout qu’elle humilie moins ceux qu’elle se vante d’éclairer, et qu’elle ne fait que séduire.

Personne ne fut plus éloigné de ce vice que M. Duhamel ; et il faut bien se garder de penser qu’avec des connaissances superficielles, il eut pu se croire digne de se rendre l’interprète des sciences auprès du peuple. Il était, à l’âge de cinquante ans, un des hommes les plus instruits de l’Europe, dans toutes les différentes branches des sciences dont il s’est occupé presque uniquement depuis à faire des applications ; ainsi la moitié de la vie de l’apôtre de l’utilité des sciences a été consacrée à étudier ces théories, dont ceux qui voulaient abuser de son exemple l’ont accusé d’avoir été l’ennemi ; et si on Ta souvent cité avec justice, pour montrer quel usage les savants doivent faire de leurs connaissances, on peut aussi prouver, par son exemple, qu’il faut être très-savant pour avoir droit d’aspirer à l’honneur de rendre les sciences utiles.

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ÉLOGE DE M. DE VAUGANSON.


Jacques de Vaucanson, pensionnaire mécanicien de l’Académie des sciences, naquit à Grenoble le