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ÉLOGE DE M. DUHAMEL.


tion est peu importante ; heureusement, quelque espèce de sciences que l’on considère, soit qu’on veuille comparer la fécondité ou la profondeur, l’opiniâtreté dans le travail ou la facilité, l’imagination ou la sagacité, on trouvera, parmi les célibataires et parmi ceux qui se sont engagés dans le mariage, des hommes d’un génie égal, et qui ont porté ces qualités à un même degré. Il serait donc injuste de blâmer un homme de lettres, de vivre dans l’une ou dans l’autre de ces conditions ; et nous devons respecter le plus celui qui fait, de la portion de talent qu’il a reçue, l’usage le plus étendu et le plus utile.

M. Duhamel conserva toute sa vie les principes de religion qu’il avait reçus dans son enfance ; il pratiquait les devoirs religieux avec exactitude, mais sans faste ; comme tous ses moments étaient employés d’une manière utile, il ne se croyait pas obligé à donner à la religion plus de temps que ses préceptes n’en exigent à la rigueur : servir les hommes, se pénétrer des merveilles de la nature et les rapporter à leur auteur, lui paraissait l’exercice de piété le plus convenable à un savant et à un citoyen-Quelques personnes, en lisant l’histoire des sciences, ont cru trouver parmi les savants une disposition plus ou moins grande à la piété, suivant les différents genres de connaissances qu’ils cultivent, et les botanistes leur ont paru mériter d’être mis au premier rang ; en effet, c’est dans le règne végétal qu’il semble que l’on découvre davantage une unité de desseins et de vues, et qu’on peut moins attribuer l’ordre que l’on aperçoit à l’effet nécessaire des lois