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ÉLOGE DE M. DUHAMEL.


l’ont conduit à aucun résultat, afin d’épargner du moins aux autres des recherches superflues : ainsi, ses ouvrages ont du paraître longs et remplis de choses connues. S’il se fût occupé de sa gloire, il les eût réduits dans un espace plus resserré ; il n’eût parlé que de ce qui était vraiment à lui, n’eût rapporté que celles de ses expériences, de ses observations, qui l’avaient mené à des découvertes ; on eût été plus frappé de ses talents, de sa sagacité, on lui eût rendu plus de justice ; mais il aurait été moins utile.

On lui a reproché d’être souvent diffus, et quelquefois incorrect ; mais son style était simple et clair : en le soignant davantage, il eût sacrifié à son amour-propre une partie de son temps, et il voulait le consacrer tout entier au bien de la société. La diffusion nuit sans doute à la clarté, quand on parle à des hommes accoutumés à une attention soutenue, qui savent saisir des nuances fines, qui peuvent recevoir à la fois un grand nombre d’idées, et suppléer aux idées intermédiaires que l’on a supprimées. Si on s’étend trop, leur attention, qui n’est plus réveillée, s’éteint, leur mémoire se lasse à retenir des idées qui ne les ont pas assez vivement frappés, et la marche plus lente à laquelle on les contraint les fatigue, parce qu’ils ont pris l’habitude d’une marche plus rapide. Mais ce n’était pas à cette classe peu nombreuse de lecteurs que s’adressait M. Duhamel ; il parlait à ceux qui ne voient dans un ouvrage rien au delà de ce que l’auteur a exprimé, pour qui l’attention est un travail, qui, en-