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ÉLOGE DE M. DUHAMEL.


coq, placé sur la tête d’un autre dont on vient de couper la crête, s’y attache, s’y nourrit, et croît souvent jusqu’à la longueur de plusieurs pouces. M. Duhamel observa qu’il devient alors une véritable corne formée de lames comme celle du bœuf, remplie de même par un noyau osseux, quelquefois adhérent à l’os du crâne, plus souvent ayant avec cet os une véritable articulation, et retenu par des ligaments qui unissent l’ergot étranger à l’individu auquel il s’est attaché.

En examinant la manière dont croissent ces ergots, on aperçoit que c’est, comme dans les cornes du bœuf, par l’addition des lames successives qui se forment entre le noyau osseux et la corne. Ce mécanisme est semblable à celui par lequel le bois et l’écorce d’un même arbre s’accroissent en même temps par de nouvelles couches. On voit donc encore ici de nouveaux rapports entre les plantes et les animaux, et l’exemple d’une véritable greffe animale qui, comme celle des végétaux, exige que les parties qui s’unissent soient douées chacune d’une force vitale.

M. Duhamel s’occupa longtemps de chimie : il donna, en 1737, un mémoire où il démontra que la base du sel marin est un véritable sel alcali, mais différent à quelques égards du sel alcali qu’on retire des plantes terrestres, et semblable à celui que donne l’incinération des plantes marines. On est étonné aujourd’hui que ce fait, si simple, si élémentaire, fût alors ignoré ou combattu par les chimistes français, et plutôt indiqué que prouvé par