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ÉLOGE DE M. DUHAMEL.


truirait également l’explication que M. Duhamel a donnée de la formation des couches ligneuses, et son opinion sur l’accroissement des os ; quand bien même on reconnaîtrait un jour que ce physicien si sage, si timide, n’a proposé qu’un système ingénieux ne suffirait-il point à sa gloire (puisqu’il s’agit d’une question d’anatomie) d’avoir partagé quelque temps les savants de l’Europe entre M. de Haller et lui ?

M. Duhamel avait observé, dans ses recherches botaniques, que la greffe ne s’attache point sur la branche qui la porte, comme les plantes parasites sur l’arbre dont elles tirent leur nourriture ; qu’elle fait un même corps avec le sujet ; que leurs organes ont entre eux une véritable continuité, et que leur réunion se fait comme celle des plaies des arbres. Il essaya d’étendre ces observations aux animaux : d’abord il s’assura par une opération ingénieuse, mais cruelle, que la jambe d’un poulet pouvait, en totalité, se souder au corps, après que toutes les parties, peau, muscles, nerfs, vaisseaux, os même, en avaient été successivement séparées ; non-seulement il observa que la sensibilité et le mouvement subsistaient après cette opération, mais il vit s’établir une nouvelle communication des artères et des veines de la partie séparée, aux artères et aux veines du reste du corps.

Il voulut examiner ensuite les phénomènes que présente une expérience connue depuis longtemps dans les campagnes, mais que les physiciens avaient ignorée ou dédaignée : on sait que l’ergot d’un jeune