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ÉLOGE DE M. DUHAMEL.


des réponses vagues qui décelaient son ignorance. Monsieur lui dit alors M. Duhamel, vous voyez à quoi il sert d’être de l'Académie ; c'est à ne parler que de ce qu'on sait.

Pendant son séjour à Toulon, il proposa quelques innovations qu’d croyait utiles ; elles furent rejetées par tous ceux qu’il consulta, et M. Duhamel sentit que le moment de les établir n’était pas venu. Peu de temps après, M. de Maurepas lui demanda son avis sur un mémoire envoyé de Toulon, où un de ceux qui avaient combattu M. Duhamel présentait les mêmes projets, mais comme s’ils eussent été son ouvrage. Monsieur, dit M. Duhamel au ministre, il faut faire exécuter ce qu'on vous propose, mais laissons-en l'honneur à l'auteur du mémoire : pourvu que le bien se fasse, il importe peu qu’un autre ou moi en ayons la gloire. C’est par de pareils moyens qu’il parvint à dissiper toutes les préventions ; et il eut le plaisir tie voir les mêmes hommes, que l’idée de toute nouveauté avait d’abord effrayés, s’unir à lui pour former une académie de marine, destinée spécialement à perfectionner toutes les parties de la science navale, et surtout à en approfondir la théorie ; établissement utile, et qu’il est à désirer pour le bien général de voir imiter par toutes les puissances maritimes.

On a de M. Duhamel un traité sur la conservation de la santé des navigateurs. L’air qu’on respire à la mer est très-pur ; et si le séjour des vaisseaux est malsain, il faut en accuser, non l’état naturel de l’air, mais la réunion d’un trop grand nombre