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ÉLOGE DE M. DUHAMEL.


curer au peuple une subsistance moins coûteuse et plus assurée.

M. Duhamel avait été attaché au département de la marine par M. de Maurepas, qui lui avait donné le titre d'inspecteur général ; la confiance du ministre fit espérer au citoyen qu’il pourrait se rendre utile, et dès lors il embrassa toute l’étendue de la science navale.

La construction des vaisseaux, la fabrique des voiles, des cordages, la connaissance, la conservation des bois, l’occupèrent successivement, et furent l’objet de plusieurs traités qui, comme presque tous ses ouvrages, sont d’immenses recueils de faits et d’expériences : il cherche partout à bien constater quelle est la meilleure pratique, à la réduire à des règles fixes qui la séparent de la routine, à l’appuyer même sur les principes de la physique ; mais s’abstenant de toute théorie quand il ne pouvait la fonder que sur des hypothèses, on voit qu’il ne veut plus être savant dès que la science n’est plus utile.

Il n’étend point ses recherches sur l’art de construire les vaisseaux, aux questions qui, cessant d’être à la portée des constructeurs, dépendent d’une géométrie profonde. Il se contente d’adopter les principes que les Bouguer, les Euler ont donnés dans leurs ouvrages ; il renvoie à ces savantes théories, dont il avoue l’utilité autant qu’il en admire la profondeur ; trop instruit lui-même pour n’être pas supérieur à cette injustice si commune parmi les praticiens, qui ne manquent guère de proscrire