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ÉLOGE DE M. DUHAMEL.

L’agriculture fut enfin l’objet de ses travaux. M. Duhamel soumit à des expériences et à des observations longtemjDs suivies la manière de préparer les terres destinées à recevoir les grains, et la méthode de les semer ; il s’occupa des moyens de préserver les blés des divers accidents qui s’opposent à leur conservation : il trouva qu’en exposant le grain dans des étuves à une chaleur assez forte pour faire périr les œufs ou les nymphes des insectes qui peuvent y être contenus ; en le privant par cette même opération de son humidité, on le garantissait à la fois des deux fléaux les plus destructeurs, la fermentation et les insectes. Il imagina et fit exécuter une étuve qui, donnant une chaleur graduée et égale dans toute son étendue, réunissait à la certitude entière du succès une économie suffisante dans la dépense. Il soumit l’art des engrais à des principes fondés sur la saine physique ; il établit dans ses terres la culture de la rhubarbe, celle des prairies artificielles, celle enfin des pommes de terre ; et il a eu le plaisir de voir, de son vivant même, ces productions, inconnues en France dans sa jeunesse, se multiplier, se répandre, enrichir les cantons qui les ont adoptées, ou offrir une ressource à la misère. Mais c’est presque à l’introduction de ces nouvelles cultures que s’est borné jusqu’ici le fruit de ses travaux.

Il en est de l’art de cultiver comme des manufactures : toutes celles qui ne sont exercées que par des hommes à peine au-dessus du besoin restent dans la médiocrité. Il n’y a point d’innovations sans avan-