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ÉLOGE DE M. DUHAMEL.

D’abord il porte ses regards sur tous ces arbres employés pour la marine ou l’architecture, pour les usages communs de la vie, pour la fabrique des métiers et des instruments nécessaires aux arts : il enseigne à distinguer le terrain qui convient à chaque espèce, la méthode de la cultiver, les usages auxquels elle est propre.

Des bois il passe aux arbres fruitiers qui fournissent l’une des nourritures de l’homme les plus saines, les plus abondantes ; il trouve à combattre et tous les préjugés d’un art qui ne s’était alors perfectionné qu’entre des mains grossières, et tous les embarras d’une nomenclature immense, pour laquelle les caractères botaniques deviennent insuffisants. Il dissipe les préjugés, il oppose aux difficultés le travail et la patience. Il enseigne à bien connaître ces individus précieux, à les perpétuer par la greffe, à conserver ou à varier leurs espèces, à multiplier leurs fruits ou à les améliorer, à rendre leur fécondité plus assurée et plus constante, à conduire l’arbre et à le conserver. Il s’attache surtout aux espèces qui, propres à produire ces boissons spiritueuses devenues en quelque sorte pour l’homme un de ses premiers besoins, couvrent des provinces entières, et dont la culture, employant l’industrie de tout un peuple, devient le seul moyen de sa subsistance. Il ne traite pas avec moins de soin les arbres qui, comme les pêchers, objet d’une industrie plus bornée, et cultivés pour les délices d’une grande ville, font vivre par leur produit une partie du peuple industrieux qui l’environne.