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ÉLOGE DE M. DUHAMEL.

Il est des hommes pour qui une méditation profonde est un besoin ; tout ce qui est difficile leur paraît grand ; et un penchant invincible les porte vers les difficultés avec d’autant plus de force, quelles paraissent plus insurmontables. Jaloux d’ajouter par leurs découvertes à la masse des connaissances humaines ; convaincus que de ce progrès successif des lumières doit résulter un jour une utilité réelle ; sûrs de travailler du moins pour l’avantage des générations futures, ils se laissent entraîner sans remords par l’amour de la gloire ou par l’attrait de l’étude. Mais M. Duhamel passait une grande partie de sa vie à la campagne ; il voyait à quel point les connaissances physiques peuvent contribuer au bonheur des hommes simples qui l’habitent, et combien il est souvent facile de le procurer à peu de frais. Il voyait qu’en renonçant au plaisir si vif de trouver une vérité après l’avoir longtemps poursuivie, il pouvait s’assurer le plaisir plus touchant de sentir que chaque jour qu’il employait au travail, était un jour consacré à faire le bien, et il y dévoua tous ses moments.

Nous allons présenter ici moins le précis de ses ouvrages que le tableau des services qu’il a rendus à l’agriculture, aux arts, à la science de la navigation.

Une connaissance approfondie de la physique des végétaux doit être la première étude d’un philosophe qui aspire à rendre les végétaux plus utiles ; elle occupa d’abord M. Duhamel. Sa physique des arbres ne parut cependant qu’en 1758 ; il ne voulut