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ÉLOGE DE M. MARGRAAF.


plusieurs eaux minérales, qui entre en très-grande quantité dans la serpentine de Saxe et dans plusieurs pierres du même genre, est une terre particulière, et qu’elle n’appartient à aucun des trois genres admis alors par les chimistes, d’après l’autorité de Pott et de ses nombreuses expériences : c’est celle que l’on appelle aujourd’hui terre magnésienne. On voit souvent dans la chimie le nombre des substances regardées comme simples se multiplier, parce qu’une meilleure philosophie, ou des observations plus exactes, détruisent les hypothèses d’après lesquelles on s’était permis de confondre des substances séparées ; et d’autres fois on voit ce même nombre diminuer, parce que la découverte de quelques vérités, l’emploi de nouveaux moyens, nous apprennent le secret de la composition de certains corps qui avaient constamment échappé à l’analyse.

M. Duhamel avait montré le premier que la base du sel marin n’est ni une terre ni un mélange d’alcali végétal et de terre, mais un véritable alcali qui a toutes les propriétés communes à cette classe de sels, et qui diffère de l’alcali fixe du tartre par des propriétés constantes. M. Margraaf, en ajoutant de nouvelles preuves à celles de M. Duhamel, a fait connaître le premier plusieurs des phénomènes que présente cet alcali minéral. Une des raisons de ne pas l’admettre au rang des sels, était l’opinion que l’alcali fixe, tiré des cendres végétales, est le produit du feu ; et M. Margraaf a encore prouvé que cet alcali existe tout formé dans le tartre et dans plusieurs végétaux.