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ÉLOGE DE M. DE MONTIGNI.


auprès de lui. Non, leur dit-il, il est temps pour tout le monde de se retirer, et il expira quelques instants après, le 6 mai 1782.

Telle est la fin d’un homme de bien et d’un sage, qui, ne laissant après lui ni des malheureux qu’il ait faits, ni des infortunés auxquels son existence soit nécessaire, termine sa vie sans inquiétude comme sans remords.

Son testament porte le caractère d« toutes les actions de sa vie. Il laissait sa fortune telle qu’il l’avait reçue : ses affaires étaient dans cet ordre si précieux aux hommes d’une probité scrupuleuse. Ils savent que c’est le seul moyen infaillible de ne pas s’exposer au malheur et au crime de manquer à leurs engagements, crime d’autant plus honteux, qu’il reste presque toujours impuni, et que souvent il est trop facile à ceux qui le commettent de se soustraire aux lois, ou même de les surprendre en leur faveur. Un partage égal de ses biens entre ses nièces, en laissant à chacune ce qui lui a paru le plus utile à sa situation, le plus conforme à ses goûts, des legs à ses domestiques, quelques présents à ses confrères et à ses amis, la fondation d’un prix sur une question de chimie immédiatement applicable à la pratique des arts, car il voulait être utile encore aux sciences et au public après sa mort, comme il l’avait été pendant sa vie, et l’être de la même manière, en répandant sur les arts les lumières nouvelles dont les sciences s’enrichissent : telles sont ses dispositions. Il a cru devoir parler dans ce testament de ses occupations, et il en parle