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ÉLOGE DE M. DE MONTIGNI.


tion importante et souvent délicate avec autant d’intégrité que de lumières, avec autant de prudence que de courage.

S’il a donné peu de mémoires à l’Académie, les occupations dont il a été chargé doivent être son excuse ; ceux qui contribuent par leurs découvertes aux progrès des sciences, et ceux qui les font respecter en les rendant utiles, ont également droit à l’estime des hommes, et doivent nous être également chers.

En rendant compte au public des travaux des confrères que nous regrettons, il doit nous être permis de lui exposer les motifs plus particuliers de nos regrets. M. de Montigni était cher à la Compagnie, par le zèle avec lequel il s’acquittait de toutes les commissions dont elle le chargeait, par l’exactitude et la précision avec lesquelles il lui rendait compte de ses commissions. Dans toutes les affaires, dans toutes les discussions intérieures qui pouvaient la partager, les avis de M. de Montigni étaient toujours inspirés par la modération et la sagesse, soutenus avec tranquillité, mais avec force, et dictés par une raison lumineuse, appuyée de l’expérience que l’habitude des affaires lui avait donnée. Comme il était utile au gouvernement par ses lumières dans les sciences, il l’était à l’Académie par celles qu’il avait acquises dans la magistrature et dans l’administration.

M. de Montigni avait toujours eu pour amis ceux de ses confrères qui, par leurs travaux et leurs découvertes, avaient obtenu une plus grande célébrité ; il jouissait de leurs succès, et prenait part à leur