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ÉLOGE DE M. DE MONTIGNI.


lités nuisibles, étaient d’un usage moins avantageux que les autres ; il fallait enfin remédier aux défauts qui pourraient exister dans leur fabrication, car il était assez vraisemblable qu’il y avait une cause réelle à ces plaintes exagérées.

M. de Montigni a rendu compte de son travail dans les Mémoires de l’Académie de 1768. Il y montre que les sources de Montmorot ne contiennent aucune autre substance que celles qui se trouvent dans toutes les sources voisines ; qu’aucune n’en renferme de malfaisantes ; que l’amertume, la causticité dont on se plaignait, venaient des vices de la préparation ; que des pains de sel marin mêlé de sel d’Epsom, pétris avec des eaux grasses qui renfermaient et des sels marins à base terreuse, et des matières susceptibles de putréfaction ; que ces pains desséchés enfin sans précaution, de manière à permettre la formation de quelques parties de foie de soufre, justifiaient le dégoût du peuple, s’ils ne justifiaient pas toutes ses plaintes.

M. de Montigni proposa des moyens simples et peu dispendieux de corriger ces défauts ; et ces moyens ont été adoptés. On devait s’attendre à ce résultat. Dans les manufactures libres, l’intérêt du commerçant suffit pour qu’il veille à la perfection de ses denrées ; et cet intérêt est le meilleur et le plus sur de tous les inspecteurs : mais, lorsqu’une denrée nécessaire est soumise à un privilège exclusif, ceux qui exercent ce privilège ne peuvent avoir d’autre barrière que ce sentiment naturel qui triomphe de l’intérêt même, et nous empêche de faire