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ÉLOGE DE BLONDEL.


gères, il en connût l’esprit et l’allât étudier chez elles. François Blondel fut choisi pour l’accompagner en qualité de gouverneur. Le voyage commença en 1651, et dura trois ans, pendant lesquels ils parcoururent les pays du Nord, l’Allemagne et l’Italie. On a publié de ce voyage une relation latine, qui a été attribuée à Blondel ; mais il n’est pas sûr qu’elle soit de lui.

La première édition contenait un passage singulier, qui a été retranché dans la seconde. Il concerne un usage ridicule, que les voyageurs ont attribué aux habitants de Lincope, en Ostrogothie, pour égayer leur itinéraire par un conte plaisant. (Voyez Bayle, art. Blondel.) Si cependant la première édition venait un jour à échapper seule au temps, oserait-on nier la réalité d’un usage attesté par deux témoins oculaires, dont l’un est désigné ministre d’un grand État, et l’autre est un savant distingué ? Cet exemple doit nous apprendre que, lorsqu’il s’agit de choses invraisemblables, il faut se défier des témoignages même les plus imposants, et que l’impossibilité d’expliquer comment on a pu nous tromper n’est pas une raison de croire, toujours suffisante.

Blondel cultiva également les belles-lettres et les mathématiques. On a de lui un parallèle d’Horace et de Pindare. Dans ce parallèle, Blondel ose parler des défauts de Pindare, quoique Pindare soit Grec, et lui préférer quelquefois Horace, quoique Horace soit presque moderne en comparaison.

Cette hardiesse ne mériterait pas d’être remarquée aujourd’hui ; mais l’ouvrage de Blondel parut dans