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ÉLOGE DE M. BERNOULLI.


des probabilités. M. Bernoulli suppose que chaque vibration puisse également être altérée en plus ou en moins, et il examine quelle est la probabilité qu’au bout d’un jour ces erreurs se seront exactement compensées, ou qu’elles n’auront point été au delà d’un certain terme. Il prouve enfin, par des exemples, que ces recherches ne sont point une théorie inutile. Personne n’avait songé à s’en occuper, et il n’en est pas moins vrai qu’elles sont nécessaires pour que chaque observateur puisse apprécier l’exactitude des horloges qu’il emploie. C’est par ce mémoire, qui contient une application singulière, neuve et utile du calcul des probabilités, que M. Bernoulli a terminé sa glorieuse carrière.

Dix fois il a remporté ou partagé, dans cette Académie, des prix disputés par ce que l’Europe a de plus illustres géomètres. Un seul jusqu’ici a pu l’égaler et accumuler sur sa tête le même nombre de couronnes, M. Euler, son compatriote, son disciple, son rival et son ami, M. Bernoulli remporta son premier prix à l’âge de vingt-quatre ans ; le sujet était la construction d’une clepsydre qui put mesurer le temps à la mer avec exactitude, et M. Bernoulli proposait des moyens ingénieux et simples de rendre la régularité de ces machines indépendante des mouvements qu’elles éprouvent.

En 1734, il partagea le prix avec son père : il s’agissait d’expliquer la cause physique de l’inclinaison plus ou moins grande des orbites des planètes sur l’équateur solaire. M. Bernoulli prouva d’abord, par le calcul des probabilités, que les limites entre les-