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ÉLOGE DE M. BERNOULLI.

des fluides élastiques ; à l’examen de cette force singulière que l’eau qui s’écoule par un trou percé dans les parois d’un vase, exerce sur les parois opposées. Cette force de répulsion tend à faire mouvoir le vase en sens contraire, et M. Bernouilli croyait qu’on pouvait l’employer avec avantage pour remonter les bateaux ou pour suppléer à l’action du vent sur les grands vaisseaux. Depuis il a déterminé encore, par sa méthode, les différents états d’équilibre, et les oscillations infiniment petites des corps plongés dans les fluides.

Une partie des questions traitées par M. Bernoulli semble devoir échapper aux principes qu’il emploie ; mais avec une adresse qui souvent paraît tenir du prodige, il sait les y ramener par des considérations physiques, également ingénieuses et plausibles. D’ailleurs, les principes d’après lesquels on peut déduire les mouvements des fluides, de la nature des forces appliquées à chacune de leurs particules, supposées assujetties seulement à la loi, ou de conserver le même volume, ou d’en changer suivant une règle donnée ; ces principes directs n’avaient pas encore été découverts par M. D’Alembert, lorsque M. Bernouilli donna son Hydrodynamique. Aussi cet ouvrage sera-t-il toujours regardé comme un de ces monuments qui font époque dans l’histoire des sciences[1].

  1. Le nom même d’hydrodynamique était alors nouveau ; peut-être M. Bernouilli l’adopta-t-il pour ne pas donner à son ouvrage le titre que portait celui de son père, sur la théorie des fluides.