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ÉLOGE DE M. BERNOULLI.


vrages de M. Bernoulli, nous nous bornerons à montrer quelles ont été ses découvertes, et quelle influence elles ont eue sur les différentes parties de mathématiques dont il s’est occupé.

On a vu des savants médiocres avoir le ridicule orgueil de régler les rangs entre les hommes de génie, et annoncer ainsi qu’ils se placent dans le même ordre, en prouvant, par cette témérité même, combien ils sont éloignés d’avoir droit d’y prétendre. Si les égaux de ces grands hommes pouvaient avoir cette présomption, ils seraient encore exposés à se tromper : dans ce premier degré, les différences tiennent bien moins à une supériorité réelle, qu’au caractère d’esprit qui distingue ces hommes extraordinaires ; et chacun d’eux (en se supposant impartial et de bonne foi) doit nécessairement prononcer en faveur de celui de ses rivaux dont le génie a plus de rapport avec le sien. En parlant de M. Bernoulli, je ne tenterai donc point de l’apprécier, et encore moins de prononcer entre lui et ses illustres émules : je n’aurai point l’orgueil de m’ériger en juge de ceux dont je dois m’honorer d’être le disciple, et je chercherai seulement à faire observer dans les ouvrages de M. Bernoulli le caractère particulier de son génie, ce qui le distingue de ceux que la renommée a placés à côté de lui. Cette manière de considérer un grand homme est à la fois la seule qui soit juste et la seule qui puisse être utile.

Le premier ouvrage de M. Bernoulli parut en 1724, sous le titre d'Exercitationes quœdem mathematicœ ; c’est malgré lui qu’il fut publié. Des lettres