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ÉLOGE DE M. BERNOULLI.


vers sa patrie, vers l’égalité républicaine, que la vue d’une cour aussi orageuse que brillante lui rendait plus chère encore. Il songeait à quitter la Russie, lorsque la cour de Pétersbourg, qui voulait le conserver, augmenta ses appointements, et lui en accorda la moitié comme pension, avec la liberté de se retirer. Cette manière de le retenir était trop noble, pour ne pas lui enlever cette liberté qu’on paraissait lui rendre. Il resta encore trois ans à Pétersbourg, d’où il ne partit qu’après avoir terminé les travaux dont il voulait faire hommage à ses bienfaiteurs, et lorsque sa santé ne lui permit plus de prolonger son sacrifice.

Ce ne fut qu’en 1733 qu’il revint se fixer dans sa patrie, et y occuper dans l’université, d’abord une chaire de médecine, ensuite une chaire de physique, à laquelle il réunit une autre chaire de philosophie spéculative. Depuis ce moment, l’histoire de sa vie n’est plus que celle de ses travaux.

Le nombre de ses mémoires de mathématiques, imprimés dans les recueils des académies dont il était membre, est très-considérable : tous sont très-courts, et il n’en est presque aucun qui ne méritât un article particulier dans son éloge, et qui, s’il était le seul ouvrage de son auteur, ne suffît pour lui faire obtenir le titre d’homme de génie. Mais lorsqu’il s’agit de ces hommes rares qui ont marqué leur carrière par les progrès que les sciences ont faits entre leurs mains, ce sont ces progrès et non les détails de leurs travaux qui doivent nous occuper ; et au lieu de présenter ici la liste des ou-