Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/566

Cette page n’a pas encore été corrigée
546
ÉLOGE DE M. BERNOULLI.


des académies de Pétersbourg, de Berlin, de Turin et de Manheim, de la société économique de Berne, naquit à Groningue le 9 février 1700, de Jean Bernoulli, alors professeur de mathématiques dans l’université de cette ville, et de Dorothée Falkner, d’une des plus anciennes et des plus illustres familles de Bâle.

Fils et neveu de deux mathématiciens célèbres que la voix de leurs contemporains avait placés à côté de Newton et de Leibnitz, on croirait que le jeune Daniel Bernoulli, formé dès son enfance, par son père, dans l’étude des mathématiques, est devenu géomètre pour suivre, en quelque sorte, la vocation de sa famille, et qu’heureusement la nature a secondé ce que le hasard de la naissance avait préparé ; cependant on avait d’abord destiné M. Daniel Bernoulli au commerce ; mais ses yeux étaient accoutumés dès l’enfance à l’éclat de la gloire, et on ne put le résoudre à les abaisser sur la fortune. Alors on l’obligea de suivre les études de médecine, travail plus analogue du moins à son goût et à son génie. A la vérité on n’avait pas négligé de lui donner quelques leçons de mathématiques. Jean Bernoulli, son père, regardait ces sciences comme le fondement de toutes les autres, comme un instrument utile dans toutes les professions de la vie ; mais sa manière de les enseigner eût rebuté tout enfant qui ne serait pas né pour elles. Un jour, pour essayer les forces de son fils, il lui proposa un petit problème ; le jeune Daniel l’emporte dans son cabinet, l’examine, le résout, revient, palpitant de joie, le rap-