les nations s’accordaient à regarder comme le premier
géographe de l’Europe. M. d’Anville, quoique
déjà affaibli par l’âge, voulut donner à cette compagnie
une marque de son zèle et de sa reconnaissance
en lui présentant quelques mémoires : dans le premier
et le plus intéressant, il corrigeait une erreur
importante qui se trouvait dans presque toutes les
cartes, sur la position de la Mésopotamie, erreur que
l’examen des observations astronomiques des Arabes
lui avait fait découvrir.
Il avait rassemblé avec soin une immense collection de cartes : la grande réputation dont il jouissait dans les pays étrangers ; ses liaisons avec les savants, les navigateurs, les hommes d’État les plus éclairés ; le désir que ceux qui cultivaient la géographie avaient d’obtenir son suffrage ; le plaisir si naturel de chercher à satisfaire le goût d’un homme célèbre et respecté, le mettaient à portée de recueillir, en ce genre, des morceaux presque uniques. Cette collection était trop grande pour un particulier ; on la plaçait au nombre de ces choses rares et précieuses qui semblent appartenir de droit à la nation ; le roi en fit l’acquisition, en laissant M. d’Anville jouir, le reste de sa vie, d’un bien qu’il devait à ses travaux et à sa réputation. Le travail nécessaire pour mettre en ordre cette collection, pour la rendre utile, fut le dernier dont M. d’Anville put s’occuper ; à peine fut-il terminé, que, privé de ce grand et dernier. intérêt, son esprit perdit son activité et ses forces.
L’intervalle de deux ans qui s’écoula entre ce moment et sa mort ne fut rempli que par le dépéris-