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ÉLOGE DE M. D’ANVILLE.


les champs de batailles, à y tracer les marches des généraux. A l’âge de vingt-deux ans, il obtint un brevet de géographe, et publia des cartes qui méritèrent l’approbation de l’abbé de Longuerue, dont le suffrage, comme savant et comme naturellement désapprobateur, était doublement honorable.

On jouit des travaux d’un géographe ; mais peu de personnes savent en quoi consistent les difficultés et le mérite de son travail. Si la position de tous les points importants était connue par des observations astronomiques, si les lieux intermédiaires étaient déterminés par des opérations géométriques, la géographie ne serait plus qu’une partie des mathématiques pratiques, et ne demanderait d’habileté que dans le choix de la manière de projeter sur un plan des parties de sphère ; choix qui rend les cartes plus propres à représenter l’étendue et la position des pays qu’elles renferment, et plus commodes pour l’usage des voyageurs. Mais la géographie est bien éloignée de ce degré de perfection : la position d’une grande partie des villes, le cours des fleuves, la forme des côtes, tous ces objets ne sont connus souvent que par des observations grossières, des estimes des voyageurs, des détails d’itinéraires, des cartes inexactes : c’est du milieu de ces déterminations incertaines qu’il faut chercher à tirer les véritables positions. Un géographe doit donc connaître toutes les méthodes d’observer, leur exactitude, leurs défauts, l’état de ces méthodes aux différentes époques, dans les différents pays ; il faut qu’une critique sage l’éclairé sur le degré de confiance que mérite