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ÉLOGE DE M. PRINGLE.


donne aucun privilège utile : institué en faveur de la vanité, on a sagement établi qu’il ne pourrait flatter aucune autre passion.

Il avait été nommé, en 1778, à la place d’associé étranger de cette académie, vacante par la mort de M. de Linné, avec lequel il avait une conformité bien glorieuse ; leur réputation, leur âge, leurs places les avaient mis chacun à la tête des savants de leur pays : un zèle égal pour le progrès des sciences les animait ; et après la perte toujours si douloureuse d’un homme célèbre par ses travaux, leurs concitoyens ont eu encore à regretter celle d’un véritable ami des sciences, occupé déformer des savants, d’encourager les talents, d’inspirer l’amour de l’étude, d’animer l’émulation et de seconder les découvertes.

Toute la conduite de M. Pringle annonçait une de ces âmes formées pour l’exercice des vertus douces et paisibles ; la première partie de sa vie avait été employée, dans les hôpitaux militaires, à prodiguer les consolations et les soins de l’humanité, plus encore que les secours de la médecine, aux infortunés qui les habitaient. Il consacra plusieurs années à donner des moyens de prévenir les maux dont le spectacle cruel lui avait fait une impression profonde ; le reste de sa vie fut partagé entre les soins de sa profession, l’étude et l’amitié.

Il avait embrassé à la fois presque toutes les sciences physiques, la philosophie spéculative, l’érudition, la théologie même. Il aimait à rassembler autour de lui les savants d’Angleterre les plus célèbres, les étrangers, tous ceux, en un mot, de qui il