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ÉLOGE DE M. PRINGLE.


M. Franklin, plus ami de la vérité, M. Pringle soutint : avec courage leur cause commune, et il l’emporta ; mais il vit avec douleur la Société royale se partager, et l’esprit des factions politiques profaner le sanctuaire des sciences.

Après sa retraite, M. Pringle résolut de quitter Londres, et de terminer ses jours à Édimbourg, où il avait passé sa jeunesse, et où le rappelaient des souvenirs que le temps n’efface jamais ; mais après un essai infructueux, la rigueur du climat le força de revenir à Londres. Avant de partir, il laissa au collège des médecins d’Édimbourg, trois volumes in-folio de manuscrits, avec la condition singulière qu’ils ne seraient jamais imprimés, soit qu’il redoutât, pour sa mémoire, le zèle indiscret de ses disciples ou de ses amis, soit plutôt qu’il crût ses travaux trop imparfaits pour être utiles à ceux qui n’auraient pas assez approfondi la médecine, et qu’il craignît de les égarer.

Peu de mois après son retour à Londres, il sentit ses forces s’affaiblir, sa mémoire l’abandonner ; et le 14 janvier 1782, il fut frappé d’une attaque de paralysie à laquelle il succomba quatre jours après. Le roi d’Angleterre lui avait donné le titre de baronnet, qui était déjà héréditaire dans la branche aînée de sa famille.

Les chevaliers baronnets sont les seuls qu’en Angleterre on puisse regarder comme formant un corps de noblesse héréditaire ; car la pairie est plutôt une magistrature ou une dignité aristocratique, qu’un titre d’honneur ; celui de baronnet, à la vérité, ne