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ÉLOGE DE M. PRINGLE.


salité de connaissances très-rare, et ce qui l’est encore au moins autant, une philosophie forte sans être exagérée, et modérée sans être timide. Ses succès, dans la pratique de la médecine, lui avaient mérité la confiance de la famille royale, du public de Londres et des étrangers. Il était ennemi des méthodes fondées sur la théorie, qu’il regardait comme trop vague et trop peu avancée : il paraissait regarder l’empirisme, c’est-à-dire la pratique appuyée sur la seule observation, comme la meilleure méthode. Il faut du moins que cet empirisme soit raisonné, lui disait un de ses confrères. — Le moins qu’il se pourra, répondit M. Pringle ; c’est en raisonnant que nous avons tout gâté.

En 1778, il quitta la présidence de la Société royale ; une chute, qu’il regarda comme l’effet d’une attaque de paralysie, lui parut un avertissement de ne plus songer qu’au repos ; d’ailleurs, une discussion élevée dans le sein de la société l’avait vivement affligé. L’usage des conducteurs électriques, construits suivant les principes de M, Franklin, avait été avidement adopté en Angleterre, dans le temps où M. Franklin était Anglais ; il avait cessé de l’être ; il était devenu un des chefs d’une révolution plus humiliante, peut-être, pour l’orgueil britannique, que contraire aux véritables intérêts de la nation : on parut se repentir d’avoir accueilli la découverte d’un ennemi ; une question sur la forme des conducteurs électriques devint une affaire de parti entre les ennemis de l’Amérique et les nombreux partisans qu’elle avait conservés en Angleterre. Ami de