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ÉLOGE DE M. PRINGLE.


gênaient la navigation, ces digues, ces chaussées qui ne nuisent qu’à la vie du peuple sont encore respectées.

Parmi les maladies que M. Pringle a décrites, et qu’il apprend à guérir et surtout à prévenir, on doit remarquer la fièvre de prison, maladie terrible que produit la réunion des hommes renfermés dans un espace trop petit, surtout lorsque la misère et la malpropreté augmentent les effets toujours dangereux de cette réunion : cette maladie s’étend quelquefois au delà des murs où elle a pris naissance. Deux fois, en Angleterre, les prisonniers apportèrent, au milieu de leurs juges, la contagion et la mort ; triste vengeance qu’ils semblaient tirer de ceux qui avaient ajouté à la misère de ces malheureuses victimes des lois, des maux que les lois n’avaient point ordonnés ! Les hôpitaux, les prisons militaires sont exposés aux mêmes maladies : ceux qui gardent ces demeures de souffrance et de désespoir, ceux qui y exercent l’autorité, ne sont point à l’abri du fléau, et s’ils manquent aux devoirs que la nature leur a imposés, elle a préparé leur supplice.

M. Pringle a observé que Londres est très-peu sujet aux épidémies : on a fait la même observation sur Paris : mais ces capitales ne sont plus entourées de marais ; si l’humanité n’avait pu se faire entendre, l’intérêt seul les eût desséchés. La vie, les occupations des hommes y sont moins uniformes, leur nourriture plus variée ; la concurrence, la richesse rassemblent de loin les aliments nécessaires à un peuple nombreux ; le vice, que l’intempérie peut