Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/535

Cette page n’a pas encore été corrigée
515
ÉLOGE DE M. PRINGLE.


nommer médecin de l’armée de Flandre. M. Pringle fit, avec le même général, la campagne de 1743, sur le Mein. Né avec ce sentiment d’insanité, premier principe et seule base solide de toutes les vertus, il avait vivement senti quelles devaient être les angoisses des blessés ou des mourants, lorsqu’un mouvement de l’armée forçait ou de les transporter à la hâte, ou de les abandonner à la discrétion du soldat ennemi. Pour éviter ce malheur, on était souvent obligé de placer les hôpitaux loin de l’armée, et de préférer, dans le choix de leur emplacement, la sûreté à la salubrité. M. Pringle engagea mylord Stairs et le maréchal de Noailles à convenir que ces asiles du malheur seraient réciproquement respectés ; son zèle obtint la récompense qui pouvait le plus le toucher, puisque ses compatriotes furent les premiers qui profitèrent de cette convention. Après la bataille d’Ettingen, un hôpital anglais se trouva dans le terrain occupé par l’armée française, et le premier soin du maréchal de Noailles fut de rassurer les soldats qui y étaient déposés, en leur annonçant que les troupes françaises avaient ordre de ne pas les inquiéter, et que ceux qui les servaient auraient une liberté entière de remplir leurs fonctions : trait d’humanité auquel le malheur d’avoir été vaincu donne peut-être un mérite de plus.

On doit compter parmi les progrès que le genre humain a faits dans notre siècle, ces actions de bienfaisance ou de justice exercées au milieu des horreurs de la guerre, avec une simplicité et une noblesse inconnues dans les siècles précédents, et