Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/534

Cette page n’a pas encore été corrigée
514
ÉLOGE DE M. PRINGLE.


naquit le 10 avril 1707, à Stitchel-house, dans le comté de Roxburgh, au nord de la Grande-Bretagne, de Jean Pringle de Stitchel, chevalier-baronnet, et de Madeleine Elliot de Stobs.

Le jeune Pringle se destina de bonne heure à la médecine. En Angleterre, l’opinion permet à chaque citoyen de choisir son état, non d’après celui qu’ont exercé ses pères, ou le degré d’orgueil que leurs titres peuvent inspirer, mais d’après son goût et ses talents. Cette liberté doit produire d’heureux effets ; les particuliers, moins contraints, sont plus heureux ; moins d’hommes sont hors de leur véritable place, et la nation en est mieux servie.

M. Pringle ne borna point ses études à la médecine ; aussi fut-il jugé digne, à l’âge de vingt-cinq ans, de remplir une chaire de métaphysique et de morale dans l’université d’Édimbourg. Ces sciences, comme celle de la médecine, devraient ne se fonder que sur des observations ; le goût des systèmes, l’habitude de se payer de mots, et la routine des écoles, ont été les plus grands obstacles aux progrès de toutes trois ; et l’importance dont les objets qu’elles traitent sont pour les hommes, leur liaison avec nos intérêts les plus chers, sont encore une des causes qui y ont rendu plus puissante que dans les sciences purement spéculatives, l’influence des passions et des préjugés populaires.

Mylord Stairs, général des troupes anglaises dans la guerre de 1741, crut que M. Pringle serait plus utile à son pays à la tête des hôpitaux de l’armée, que dans une école de métaphysique ; et il le fit