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ÉLOGE DE M. TRONCHIN.


de leurs motifs que quand ils sont bien sûrs d’avoir raison.

Une pratique très-étendue ne permit point à M. Tronchin de publier des ouvrages sur les sciences dont l’Académie s’occupe, et sur lesquelles l’art de la médecine est fondé. Si même on en excepte quelques essais très-courts, les principes de sa pratique, les observations qu’il a faites, ne subsistent plus que dans la mémoire de ses disciples. Tel a été le sort de plusieurs praticiens célèbres ; et c’est peut-être une des causes qui ont le plus retardé la marche de la médecine.

Membre des plus illustres Académies de l’Europe, M. Tronchin désira d’occuper une place d’associé étranger dans celle des sciences. Son séjour habituel à Paris était un obstacle ; mais sa religion, à laquelle il était fort attaché, ne lui permettait point de jouir, en France, des droits de citoyen. Membre d’une république libre, il y avait conservé tous les droits de cité. Il pouvait paraître injuste de le regarder comme Français, uniquement dans une circonstance où ce titre lui donnait une exclusion ; et l’on pouvait penser aussi que le citoyen d’une république ne cesse point d’appartenir à son pays pour l’avoir quitté, et que sa patrie doit être marquée par ses droits plutôt que par sa résidence.

La santé de M. Tronchin s’était altérée depuis quelques années, malgré la sagesse de son régime. Une maladie violente l’enleva à ses amis et à ses malades le 30 novembre 1781.

Des regrets plus honorables encore attendaient sa