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ÉLOGE DE M. TRONCHIN.


prince qu’il ne se crut point permis de refuser, et l’Athènes de l’Europe moderne, le seul séjour pour lequel il put quitter sa patrie. Il accepta donc le titre de premier médecin de M. le duc d’Orléans, et il vint se fixer à Paris en 1766.

L’arrivée d’un médecin célèbre dans une capitale est presque toujours l’époque d’une révolution dans la médecine. Il apporte avec lui un autre régime, des remèdes inconnus ou inusités, et de nouvelles méthodes. On n’adopte pas toujours ce qu’il propose ; mais il force d’examiner de nouveau, de revenir sur des principes qu’on croyait incontestables ; et, qu’on suive ou non ces méthodes, l’art doit nécessairement y gagner.

M. Tronchin apprit à renouveler l’air dans la chambre des malades, à ne plus condamner les femmes en couches à un régime incommode et souvent funeste, à donner aux enfants une éducation plus saine, en la rendant moins efféminée et moins contrainte. Il proscrivit les ligatures et les entraves qui déformaient leur taille, ou leur préparaient une constitution faible et malsaine. Il sut persuader aux femmes qu’une vie molle et sédentaire est une des principales causes des maladies particulières à leur sexe ; que l’exercice, dans le temps de la grossesse, expose à moins de dangers qu’un repos trop absolu ; qu’en nourrissant leurs enfants, elles conservaient plus sûrement et leur santé et leurs agréments. Il fit sentir que dans le régime établi pour les enfants comme pour les femmes, tout ce qu’on faisait pour la conservation de leur santé et de leur figure était