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ÉLOGE M. TRONCHIN.


tement sain. Sans ces précautions, il ne se croyait pas sûr de prévenir les accidents qui suivent si souvent les petites véroles, même en apparence le plus heureusement terminées. D’ailleurs, il voulait n’avoir à combattre qu’un ennemi à la fois ; et il croyait qu’avoir à se défendre contre deux maladies réunies, c’en était trop, et pour les forces de la nature, et pour l’art du médecin.

Il dut à ces principes le succès de sa pratique, et eut le plaisir de voir cette opération salutaire, dont il était le principal apôtre dans le continent, s’établir chez toutes les nations éclairées.

En 1765, il fut appelé à Parme pour inoculer les enfants du souverain, événement qui pouvait paraître le plus grand triomphe de l’inoculation. L’Italie n’était pas regardée par les autres peuples comme le pays de la philosophie, seule protectrice des nouveautés utiles.

Après ces voyages, M. Tronchin retournait à Genève, où il trouvait une foule de malades rassemblés de toutes les parties de l’Europe. Il était devenu ce que Boerhaave avait été vingt ans avant lui, réunissant, comme son maître, la célébrité, l’indépendance et la fortune ; jouissant de la considération d’un homme nécessaire à tous, sans avoir besoin de personne ; cher à son pays, qu’il illustrait et qu’il enrichissait à la fois ; goûtant enfin le plaisir d’être utile en conservant sa liberté et son repos. Aussi refusa-t-il constamment toutes les places qui lui furent offertes ; aucune ne pouvait valoir ce qu’il aurait quitté pour elle. M. le duc d’Orléans fut le seul