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ÉLOGE DE MARIOTTE.


rentes hypothèses dont on vient de parler. Dans tous ces exemples, il a soin de n’admettre que des propositions bien prouvées d’avance, et de ne faire que des opérations sûres, des expériences exactes, et des observations justes. L’auteur remarque enfin que c’est l’art de découvrir la vérité qu’il expose, mais qu’il ne prétend pas en donner le talent : il se borne à déterminer quelles espèces de moyens peuvent conduire à la vérité, et c’est aussi où l’art doit s’arrêter ; le génie seul sait choisir entre ces moyens et les employer.

Quant à la manière de prouver les vérités connues, l’ouvrage de Mariotte ne contient rien qui ne soit dans tous les traités de logique. On peut regarder la sienne comme un exposé vrai de la méthode qu’il avait suivie dans ses recherches ; et il est intéressant de pouvoir observer de si près la marche d’un des meilleurs esprits dont l’histoire des sciences fasse mention. Les auteurs de logiques ne ressemblent que trop souvent aux mécaniciens qui donnent des descriptions d’instruments dont ils ne seraient pas en état de se servir.

Mariotte mourut en 1684 il était ecclésiastique, et le prieuré de Beaumont fut la récompense de ses travaux. On crut que c’était avoir servi Dieu que de s’être rendu utile aux hommes, et qu’ainsi ce ne serait pas faire un usage profane des biens de l’Église que d’en récompenser les services rendus à l’humanité. C’est Mariotte qui, le premier en France, a porté dans la physique un esprit d’observation et de doute, et qui a inspiré ce scrupule, cette timidité si néces-