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ÉLOGE DE M. DE MAUREPAS.


ou amusé autrefois. Alors même on l’écoutait avec intérêt, parce qu’il s’attachait moins à faire des contes plaisants, qu’à rapporter des anecdotes peu connues, de ces traits qui peignent les mœurs, les caractères, ou à raconter les petits événements arrivés à ces hommes dont le nom réveille la curiosité. Il plaisait aux vieillards en leur rappelant les aventures de leur temps qu’ils avaient oubliées, aux jeunes gens en leur faisant connaître la génération qui les avait précédés, à tous en leur parlant avec confiance et une sorte d’abandon des événements de sa vie et de ceux dans lesquels il avait été acteur ou témoin.

Il y a peu d’hommes dont la tête ait moins senti l’influence de la vieillesse : comme il faisait tout sans effort, cet affaiblissement des organes que l’âge amène nécessairement n’avait produit sur son esprit aucun effet sensible.

Il avait épousé, en 1718, Mlle de la Vrillière : durant une union de soixante-trois ans, leur plus longue séparation fut d’un mois. Il trouva auprès d’elle les consolations dont il eut besoin, soit dans sa disgrâce, soit dans ses deux ministères ; souvent de bons conseils, et toujours cette fermeté contre les événements, qu’il est si doux et si utile de trouver dans ceux dont le sort est lié avec le nôtre.

M. de Maurepas devint, en 1725, un de nos honoraires ; il fut le premier des ministres chargés de ce département que nous ayons vu occuper une place parmi nous, et tous ses successeurs ont suivi son exemple. Il devint de bonne heure doyen de