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ÉLOGE DE MARIOTTE.


l’avoir abandonné à la fois. Mais gardons-nous de croire que le désir de trouver des erreurs dans un homme déjà trop supérieur aux autres, ait rendu Mariotte si différent de lui-même. Peu de philosophes ont montré dans leurs écrits un amour de la vérité plus sincère et plus désintéressé.

Il y a un de ses ouvrages moins connu que les autres, et qui semble mériter quelques détails. C’est un essai de logique.

La logique, selon lui, est l’art de découvrir des vérités et de les prouver. Dans la recherche des vérités, on peut avoir à examiner si une proposition énoncée est vraie ou fausse, et alors c’est un théorème à prouver ; ou bien on a seulement deux objets donnés qu’il faut comparer, soit un objet dont on connaît quelques rapports qui doivent servir à trouver les autres, et alors c’est un problème à résoudre. Il y a des moyens d’abréger ces recherches : dans chaque science, on connaît un certain nombre de vérités, ou de manières de comparer ses idées ; il n’est plus question que de faire dépendre la vérité cherchée, ou d’une de ces vérités connues, ou d’une de ces opérations. Les sciences sont de trois espèces : les sciences intellectuelles, telles que la géométrie, l’algèbre (Mariotte semble même n’en point reconnaître d’autres, et tire tous ses exemples de celle-ci), les sciences naturelles et les sciences morales. Dans les sciences intellectuelles, la vérité de chaque proposition compliquée dépend de vérités plus simples, et celles-ci d’autres plus simples encore, qu’on appelle principes. La solution de chaque problème