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ÉLOGE DE M. DE MAUREPAS.


opiniâtre, nécessaire pour assurer le succès de leurs entreprises ; et plusieurs ont prouvé, avant et après leur voyage, qu’ils n’avaient pas besoin de s’exposer à tant de fatigues pour mériter, par leurs découvertes, une gloire plus brillante.

Nous avons vu périr successivement tous ceux qui ont eu part à ces expéditions : M. le Monnier reste seul. Il a réuni sur sa personne tous les sentiments qu’un zèle si courageux et si noble nous avait inspirés pour ces héros de l’astronomie ; et sa présence, qui, en nous retraçant nos pertes, nous entretient de nos regrets, en est en même temps la plus douce consolation.

M. de Maurepas ne voulut point que l’utilité de ces voyages se bornât aux recherches qui en étaient le principal objet. Un savant, d’un nom illustre dans la botanique, M. Joseph de Jussieu, qui s’était montré digne de son nom, se joignit aux mathématiciens envoyés dans le Pérou ; l’Amérique méridionale, à qui l’Europe n’avait montré que des conquérants féroces ou des trafiquants avides, apprit alors, pour la première fois, qu’il existait au delà des mers des hommes pour qui la vérité était préférable à l’or, et qui, regardant le genre humain comme une seule famille, ne cherchaient dans chaque climat que ce qui pouvait être utile à tous les hommes.

Des savants dans l’antiquité et dans les langues parcouraient en même temps la Grèce et l’Orient. MM. Sévin et Fourmont, s’enfonçant dans l’antique berceau des arts et des sciences, peuplé maintenant