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ÉLOGE M. DE MAUREPAS.


que de leurs actions. La gloire et les malheurs du règne d’Alphonse sont dans l’oubli ; mais on conserve la mémoire des tables alphonsines. Ulug-Beb, petit-fils du conquérant de l’Asie, n’est connu dans l’histoire que par ses observations astronomiques ; et, malgré toute la puissance des califes, la mesure d’un degré du méridien, faite par leurs ordres, est le seul monument qui reste de leur grandeur.

Ainsi, l’on comptera toujours au nombre des événements qui ont illustré notre siècle, l’entreprise de mesurer en même temps deux degrés du méridien, l’un sous l’équateur, l’autre près du pôle boréal de notre continent ; opération qui était nécessaire pour confirmer l’aplatissement de la terre, découvert par Newton, et devait servir de base à une détermination plus exacte de la figure du globe. Jamais, tant que les sciences seront cultivées en France, on n’oubliera le nom du ministre qui, par cette magnificence si rarement déployée en leur faveur, a prouvé qu’il sentait tout le prix de la vérité, dont le sort dans les cours est si souvent dédaigné comme inutile, lorsqu’elle n’y est pas persécutée comme dangereuse. Nous n’entrerons dans aucun détail, ni sur le succès, ni sur les résultats de ces savantes expéditions : l’histoire de l’Académie en a rendu compte ; on les trouve dans les éloges des savants qui ont sacrifié à ces travaux utiles et pénibles leur temps, leur santé, et même une partie de leur gloire personnelle : en effet, ils ne pouvaient espérer d’autre récompense que l’estime due à leur zèle, à leur courage, à l’exactitude de leurs observations, au travail