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ÉLOGE M. DE MAUREPAS.


de la régence, et les révolutions de la cour de Louis XV ; tandis qu’enfin, dans le même espace de temps, une autre charge de secrétaire d’État a vu passer vingt familles différentes.

M. de Maurepas eut pour aïeul Louis Phelypeaux, comte de Pontchartrain, contrôleur général en 1689, ministre de la marine en 1690, chancelier en 1699. La charge de ministre de la marine fut alors donnée à son fils ; et ce ne fut qu’en 1749 qu’elle sortit de sa famille, qui, par une singularité non moins remarquable, posséda ainsi constamment, pendant soixante ans, deux places importantes du ministère.

Elle a produit, dans l’espace d’un siècle et demi, neuf secrétaires d’État, si on compte seulement ceux qui ont exercé leurs charges ; et onze, si on veut comprendre dans cette liste Louis Phelypeaux, reçu en 1648, à l’âge de douze ans, en survivance de son père ; et un autre Louis Phelypeaux, qui, après la mort du sien, fut pourvu de sa charge à l’âge de huit ans, en 1621. Nous ne demandons point d’indulgence pour ces détails ; la famille de Phelypeaux n’est pas étrangère à l’Académie ; le renouvellement de cette compagnie, en 1699, peut être regardé comme l’ouvrage du chancelier de Pontchartrain ; et, dans une durée de quatre-vingt-trois ans, elle a été administrée pendant près de soixante et dix par des ministres de ce nom. M. le comte de Maurepas, âgé de quatorze ans seulement, fut pourvu, en 1715, d’une charge de secrétaire d’État. Louis XIV venait de mourir, et ses ministres, soupçonnés par le prince régent d’avoir conseillé ou approuvé le testament qui