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ÉLOGE DE M. DE COURTANVAUX.


être oublié ; plus heureux sans doute dans ce loisir si bien occupé d’une vie obscure et privée, que le Tellier ou Louvois ne l’avaient été au milieu de leur puissance, lorsque, maîtres absolus de l’État, ils régnaient sur la France et faisaient trembler l’Europe.

Depuis quelques années, son tempérament s’était affaibli, et le condamnait à une retraite plus absolue : il cessa de paraître dans nos assemblées, et, après avoir supporté avec constance de longues infirmités, il y succomba le 7 juillet 1781.

En rapportant les principaux traits de la vie de M. de Courtanvaux, nous avons peint son caractère. La simplicité, l’indépendance, la franchise, la bonhomie, le zèle pour les sciences enfermaient le fond, et se montraient dans son intérieur comme dans ses actions. Il laissait voir tous ses sentiments, et ne perdait rien à être vu tout entier. Il était facile, malgré une sorte de brusquerie qui naissait de sa véracité et de son aversion pour toute espèce de contrainte ; et peut-être il a dû une partie de son bonheur, et l’avantage d’avoir conservé son caractère et sa bonté naturelle, à ses goûts, qui, en l’écartant du monde, le préservèrent des vices qu’on y contracte presque infailliblement ; car la retraite est, contre ces vices, un préservatif bien plus sûr que la sagesse et le courage.

M. de Courtanvaux avait eu deux enfants, M. le marquis de Montmirail dont nous avons déjà parlé, et madame la duchesse de Villequier. Il eut le malheur de leur survivre à tous deux. Il a laissé un petit-fils, M. le marquis d’Aumont, et deux petites-