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ÉLOGE DE M. DE COURTANVAUX.


ther marin, quoique plusieurs procédés, proposés pour y parvenir, eussent prouvé la possibilité de cette opération. La difficulté de réussir paraissait tenir à celle de pouvoir employer l’acide marin dans un assez grand degré de concentration pour agir avec force sur l’esprit-de-vin. C’était à ce point que cette difficulté avait été réduite par MM. Rouelle, dont l’aîné avait été le maître en chimie de M. de Courtanvaux, et dont le cadet présidait avec lui aux travaux qu’il avait entrepris dans son laboratoire de Colombe. M. de Courtanvaux choisit, parmi les préparations d’acide marin, la liqueur fumante de Libavius, et cette expérience eut un succès complet. Depuis, on a trouvé d’autres méthodes ; mais on sait combien, dans les sciences, une première méthode, une fois connue, rend facile la découverte des autres, même de celles qui paraissent s’en éloigner le plus.

Le vinaigre radical, c’est-à-dire le vinaigre privé d’eau autant qu’il est possible, a des propriétés singulières, qui furent observées à peu près dans le même temps par M. le marquis de Courtanvaux et par M. le comte de Lauraguais. Parvenu à un certain degré de concentration, le vinaigre devient susceptible de prendre, par le refroidissement, une forme concrète ; la température nécessaire pour produire ce phénomène est de quelques degrés au-dessus du terme de la glace : c’est une véritable cristallisation qui se forme alors ; mais elle est si fusible, qu’une chaleur de bain-marie, très-faible, la résout en liqueur. Si on augmente la concentration