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ÉLOGE M. DE COURTANVAUX.


comme à M. de Courtanvaux, le goût des sciences, et une sorte de répugnance pour le monde, c’est-à-dire, pour la dissipation sans plaisir, la vanité sans motif, et l’oisiveté sans repos. M. de Montmirail y joignait l’habitude du travail.

Une place d’honoraire à l’Académie était le seul objet d’ambition dont M. de Courtanvaux n’eût pas fait le sacrifice : mais il savait que son fils avait le même désir ; il sut lui cacher ses vues, et y renoncer pour toujours : l’idée de succéder à son fils ne se présente point à l’esprit d’un père. Cependant l’Académie eut le malheur de perdre M. de Montmirail, et le regretta comme un des hommes de son état qui donnaient le plus d’espérance aux sciences et à la patrie. Elle crut devoir lui choisir son père pour successeur ; elle offrit à M. de Courtanvaux, moins une place d’académicien, qu’une association avec les hommes qui avaient le mieux connu son fils, et qui l’avaient le plus estimé ; elle unissait ses regrets aux regrets d’un père, et rendait à la piété filiale de M. le marquis de Montmirail un triste et dernier hommage. M. de Courtanvaux reçut avec reconnaissance, mais en gémissant, cette marque d’estime de l’Académie, qu’il avait longtemps désirée, mais que le sort lui faisait acheter par une perte si cruelle.

Il s’était fait connaître de la compagnie par deux mémoires imprimés parmi ceux des savants étrangers : l’un a pour objet l’éther marin, et l’autre la concentration et l’inflammation du vinaigre radical.

Il n’existait aucune méthode certaine de faire l'é-