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ÉLOGE DE MARIOTTE.


tacle d’un génie original, luttant contre les difficultés, puisse jamais être inutile.

Le discours de Mariotte sur la nature de l’air renferme encore une suite d’expériences intéressantes, et qui étaient absolument neuves. Elles prouvent que le ressort de l’air augmente sur la surface de la terre, en raison du poids dont l’air est chargé ; et qu’ainsi, quelque fermé que soit un vaisseau, l’effort de cette élasticité sur une colonne de mercure est égal à celui du poids total de l’atmosphère, au moment où cet air en a été séparé. Cette vérité, si simple aujourd’hui, et qui même est devenue triviale, était alors une découverte fine et nécessaire pour répondre aux objections qu’on proposait encore contre les preuves de la pesanteur de l’air. On voit, en lisant le discours sur l’air, que Mariotte avait remarqué dans ce fluide la propriété de se combiner avec l’eau et avec d’autres liqueurs, et qu’il avait aperçu que cette combinaison n’était pas un simple mélange.

La différence essentielle qui existe entre la combinaison chimique et la composition qui naît du mélange, n’a été bien déterminée que dans ces derniers temps, où, en bannissant de la chimie le langage de la physique systématique, on en a banni en même temps les idées vagues ou fausses que ce langage y avait introduites. Mais n’a-t-on pas aussi passé le but ? n’a-t-on pas trop séparé deux sciences qui ne peuvent être que deux branches d’un même tronc ? Le génie, qui cherche trop à généraliser, remplit à la vérité les sciences d’erreurs d’autant plus