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ÉLOGE DE M. DE COURTANVAUX.


amusement, les prenant et les quittant chacune tour à tour et à plusieurs reprises ; mais, malgré cette inconstance, elles furent la consolation de sa vie, et nous verrons que son amour pour elles a plus d’une fois servi à leurs progrès. Il s’appliqua successivement à l’histoire naturelle, à la chimie, à la géographie, à la physique, aux mécaniques, à l’astronomie ; montrant dans toutes ces études un esprit juste et de la facilité ; mais s’y livrant avec trop peu de suite et de constance pour mériter dans aucun genre le titre d’homme vraiment profond, titre qui ne s’acquiert jamais que par un travail continu et opiniâtre. Ceux qui croient que les hommes de génie sont dispensés de cette condition à laquelle la nature nous a condamnés, ne font que prouver, par cette opinion, combien ils sont éloignés d’être de ce nombre. Cependant, par la manière dont M. de Courtanvaux saisissait l’ensemble d’une machine qu’on lui présentait, la devinait souvent sans l’avoir vue, la perfectionnait presque toujours, lorsqu’il la faisait exécuter, il était aisé de juger que cette partie de la mécanique, qui s’occupe de donner à des machines délicates la précision et l’exactitude qu’exigent leurs usages dans les sciences d’observation, était le genre auquel la nature paraissait l’avoir appelé.

Il s’était marié très-jeune à Louise-Antoinette de Gontaut, fille du duc de Biron ; à seize ans il était père : heureusement pour son fils, il avait senti de bonne heure le mal irréparable que fait une éducation négligée. Aussi celle de M. le marquis de Montmirail fut-elle très-soignée. La nature lui avait donné,