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ÉLOGE DE M. DE COURTANVAUX.

Le chancelier le Tellier, trisaïeul de M. de Courtanvaux, avait fondé la grandeur de sa famille, que le marquis de Louvois, son fils, accrut encore. Tous deux ont montré une grande habileté dans les affaires ; mais la finesse dominait dans la politique du père, et la fermeté dans la conduite du fils : tous deux étaient infatigables dans le travail, simples et austères dans leur vie privée. On leur a reproché également de la dureté et l’amour du despotisme. Ils passaient pour inflexibles ; mais le chancelier avait été souple sous Mazarin, et Louvois ne pliait pas même sous Louis XIV. L’un voilait son caractère sous les dehors de la modestie et par la pratique des vertus religieuses ; l’autre se plaisait à le déployer tout entier. La fortune que laissa Louvois fut immense, et elle était formée tout entière par les dons répétés de Louis XIV. On eût été en droit d’exiger du ministre plus de modération ; mais ses ennemis mêmes n’ont pu accuser son intégrité, et l’on ne croyait pas alors qu’il fût permis de porter le désintéressement jusqu’à refuser les bienfaits du souverain. Enfin, la postérité, qui se rappelle avec terreur la sévérité qu’il montra dans l’exercice du droit rigoureux de la guerre, et qui ne peut le compter au nombre des ministres amis du peuple, n’attache point encore ses regards, sans quelque admiration, sur ce ministère illustré par trente années de victoires.

M. de Courtanvaux fit, en 1733, sa première campagne, à l'âge de quinze ans, comme aide de camp du maréchal de Noailles, son oncle ; et, dans la guerre