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ÉLOGE M. BERTIN.


nous représentent pas toujours ce qui est en effet, mais ce que nous imaginons. »

M. Bertin ne publia point alors les détails de sa découverte. Rebuté par les objections qu’il avait essuyées en l’annonçant, il ne voulut la donner que lorsqu’il l’aurait appuyée sur un plus grand nombre de preuves. L’interruption qu’il fut obligé de mettre dans ses travaux ne lui en donna point le temps. Mais lorsque, longtemps après, il retrouva les mêmes idées dans un ouvrage de M. de Haller, alors il crut devoir donner les détails de ses observations, et revendiquer sa découverte. M. de Haller, en lui répondant, n’a pu faire remonter ses premières idées sur cet objet, qu’à l’année même où M. Bertin a publié son premier mémoire ; en sorte qu’on ne peut refuser à l’anatomiste français la gloire de l’invention, et qu’il reste seulement à juger jusqu’à quel point son illustre confrère mérite de la partager.

Ces premiers ouvrages de M. Bertin ont tous le même caractère ; on y trouve une érudition exacte et profonde ; l’art si important de décrire avec méthode et avec clarté, porté au plus haut degré : une attention scrupuleuse à laquelle les plus petits détails ne peuvent échapper ; une adresse singulière dans les moyens de forcer les parties qui paraissaient les plus imperceptibles, à découvrir et à laisser voir les secrets de leurs organisations ; des vues grandes, mais toujours sages, et qui ne s’étendent jamais au delà de ce qu’il est possible de savoir et de prouver. Il eût voulu bannir les conjectures de la physiologie, attribuer seulement aux différentes parties les