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ÉLOGE DE M. BERTIN.


reins, ouvrage précieux par la précision et l’exactitude des détails, par la finesse des vues, et dans lequel il eut le mérite de dire des choses nouvelles sur un sujet que plusieurs anatomistes du premier ordre avaient traité avant lui.

En 1746, M. Bertin donna un mémoire sur l’estomac du cheval ; il y prouve que l’impossibilité de vomir qu’on a observée dans les chevaux, n’a pour cause ni la position de leur estomac, ni une espèce de valvule comme on l’avait dit, mais un sphincter qui s’oppose à la sortie des aliments. Il montre que, par la disposition des fibres, une partie de ce viscère peut exercer une sorte de trituration sur les substances qu’il contient, et faciliter l’action des sucs digestifs ; enfin, que l’estomac du cheval est trop petit pour contenir la quantité d’aliments qu’il reçoit à la fois ; que la partie la moins grossière passe dans les intestins avant que la digestion soit terminée, mais qu’elle s’achève dans le colon qu’une disposition particulière rend propre à cette fonction.

M. Bertin annonçait, de plus, que la contexture des différents plans de fibres musculaires qui forment l’estomac, était à peu près semblable dans l’homme et le cheval ; elle était bien différente de ce qu’on avait cru et de ce que M. Bertin lui-même avait enseigné pendant longtemps. « Depuis quinze ans, dit-il, j’avais cru voir et faire voir la vraie structure de ces organes ; mais je m’étais trompé, et sans le vouloir, j’avais trompé tous ceux qui m’honoraient assez de leur confiance pour s’en rapporter à mes démonstrations ; tant il est vrai que nos sens ne