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ÉLOGE M. BERTIN.


craindre, et surtout quels sont réellement et en eux-mêmes les maux dont il est menacé ; alors le courage serait presque inutile, et ce qu’on aurait à redouter se réduirait à bien peu de chose. Au contraire, le désir de préserver les enfants des accidents auxquels l’étourderie et l’ignorance les exposent, de les prémunir contre ceux dont la jeunesse les menace, engage trop souvent à accabler leur raison naissante des terreurs de toute espèce que l’imbécillité humaine a pu se créer. On détruit toute leur énergie, à force de prendre des précautions pour les empêcher d’en abuser ; on empêche leur raison de se former, pour les mettre à l’abri de ce qui pourrait l’égarer un jour ; et pour préserver leur vie de quelques orages, on les livre à un malheur qui ne finira qu’avec elle.

En 1744, très-peu de temps après son arrivée, M. Bertin fut élu associé anatomiste de l’Académie, sans avoir passé par le grade d’adjoint, suivant l’usage ordinaire. Il s’était fait connaître de cette compagnie dès 1737, par la description des nerfs récurrents du cœur, par celle de l’anastomose des veines épigastriques et mammaires. Ces objets étaient connus ; mais la manière dont il avait su les présenter, les explications de plusieurs phénomènes importants de l’économie animale qu’il avait tirées de ses recherches, l’âge de l’auteur, qui n’était que dans sa vingt-cinquième année, donnèrent à ces premiers essais une grande célébrité. Cependant il eut la modestie de ne pas les faire imprimer ; et le premier mémoire qu’il ait publié est une description des