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ÉLOGE DE M. BERTIN.


honneur à leur commune patrie ; c’en fut assez pour que M. Bertin trouvât dans M. Hunauld un ami tendre qui se chargea pour lui du soin de sa réputation et de sa fortune. La plupart des habitants de nos provinces ne sont que Français ; mais les habitants de la Bretagne sont restés Bretons. Cette province, qui, après avoir formé pendant plusieurs siècles un État séparé, n’a été réunie à la France que sous le règne de François Ier, a conservé la forme de son ancienne constitution : placée à une extrémité du royaume, elle est moins souvent traversée par les habitants des autres provinces, et se mêle moins avec eux ; il ne faut donc pas être étonné que les Bretons aient gardé pour leur pays un véritable patriotisme, distingué de celui qui leur est commun avec les autres Français.

M. Bertin fut reçu docteur en médecine, à Reims, en 1737, et à Paris en 1741. On accuse si souvent les corps d’un attachement aveugle à leurs usages, qu’il ne faut pas laisser échapper l’occasion de leur rendre justice lorsqu’ils sacrifient ces mêmes usages à l’intérêt réel des sciences et à l’enthousiasme que le mérite doit exciter. La réception de M. Bertin, à Reims, fut une espèce de fête ; la faculté parut moins lui accorder un grade que s’applaudir de voir sur sa liste un nom qui devait être célèbre. La faculté de Paris lui confia, lorsqu’il n’était encore que simple bachelier, le soin de présider avec M. Hunauld aux examens des autres bacheliers, droit réservé aux docteurs par l’usage ordinaire.

Cependant M. Bertin n’était point encore connu