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ÉLOGE DE M. BERTIN.


son état, la connaissance des langues anciennes et modernes. Né avec la passion d’instruire, il avait formé chez lui une espèce de collège domestique, où il dirigeait l’éducation de ses enfants et de plusieurs jeunes gens de sa famille que leurs parents lui avaient confiés.

Le jeune Bertin n’hérita presque de son père que la même ardeur pour l’étude, et le même goût pour instruire les autres. Dès l’âge de neuf ans, il fut chargé d’enseigner aux enfants de son âge le catéchisme et les éléments de la langue latine : outre la petite vanité de jouer le rôle de maître, vanité d’autant plus excusable dans un enfant, qu’il n’est pas rare de la conserver même étant homme, M. Bertin y trouva l’avantage de bien apprendre le latin : le moyen le plus certain de s’assurer qu’on sait bien une chose, c’est d’essayer si l’on est en état de l’enseigner aux autres.

Le cours de philosophie que M. Bertin fit à Rennes ne lui procura de connaissances réelles que des notions élémentaires de géométrie, et quelques saines idées de physique, qui commençaient dès lors à percer même dans les collèges de province ; car la vérité triomphe toujours des obstacles que les préjugés et l’intérêt ne se dégoûtent jamais de lui opposer ; satisfaits, s’ils ne peuvent arrêter sa marche, de la retarder du moins, et de s’immoler en passant quelques victimes. Ces premières notions, tout imparfaites qu’elles étaient, suffirent pour développer le goût de M. Bertin ; il voulut se livrer à l’étude de la physique, et, en conséquence, il prit